La canicule frappe en ce moment notre pays, et les beaucoup de logements anciens mal isolés deviennent des bouilloires énergétiques. Confrontés à des températures insupportables chez soi, certains locataires aimeraient pouvoir disposer d’une isolation plus efficace ou d’un système de climatisation performant. Mais ils ne peuvent rien faire sans demander l’autorisation à leur propriétaire, et rien n’oblige dans la loi ce dernier à financer les travaux. Ce fléau silencieux de précarité énergétique touche de plus en plus de Français. Voyons ensemble les recours possibles dans ce type de situation, et comment envisager une négociation avec son propriétaire.
Sommaire
Des logements mal isolés, été comme hiver
La précarité énergétique n’est pas un phénomène marginal : près d’un français sur trois seraient concernés par cette forme de précarité. Avec l’inflation et les coûts de l’énergie qui explosent, il devient difficile pour plus en plus de ménages de faire face aux factures d’énergie, d’autant plus si le logement est lui même une vraie passoire… été comme hiver.
Sophie vit à Paris, sous les toits d’un immeuble haussmannien. Si à première vue sa situation semble privilégiée, détrompez-vous : les immeubles haussmanniens avec leurs toits sombre en zinc emmagasinent la chaleur du soleil, et vivre sous les toits devient vite insupportable en été. Elle témoigne de son expérience : « L’été dernier, il était impossible de rester dans mon appartement. La chaleur était insupportable, et je ne pouvais rien faire sans l’accord de mon propriétaire. » Cela parait fou, mais en effet : rien n’oblige les propriétaires en France à effectuer des travaux de rénovation dans le cadre de températures excessives, mêmes si celles-ci deviennent insupportables à l’intérieur même de l’appartement.
Ce que dit la loi pour les propriétaires de bouilloires énergétiques
La réglementation française est claire sur la température minimale dans un logement, fixée à 19°C, mais elle ne mentionne pas de maximum. Les propriétaires ont l’obligation de fournir un logement décent, mais la loi reste muette concernant la rénovation énergétique spécifique en cas de canicule. Aujourd’hui, il faut le dire, la loi n’est pas en faveur du locataire sur ce sujet : le locataire n’a pas le droit de toucher à la structure d’un logement, sans l’accord explicite du propriétaire bailleur. Les propriétaires ne sont également pas tenus de financer des travaux pour améliorer l’isolation thermique, même en cas de canicule. Ils peuvent refuser les demandes des locataires sans enfreindre la loi, laissant les locataires impuissants face à la chaleur étouffante.
La rénovation énergétique est essentielle pour réduire la consommation d’énergie et améliorer le confort des locataires. Cependant, sans obligation légale, les propriétaires peuvent hésiter à investir dans de tels travaux.
Sophie poursuit : « J’ai demandé à mon propriétaire d’installer une climatisation ou de mettre des fenêtres double-vitrage, mais il a refusé. Il n’était pas obligé de financer les travaux, et je ne pouvais rien faire sans son accord.«
La négociation avec le propriétaire, une des seules possibilités en l’état
Bien que la situation peut sembler jouée d’avance, on peut toujours jouer la carte de la négociation. L’installation de fenêtres double-vitrage par exemple peut valoriser un bien, et certains propriétaires pourraient être convaincus. Mais pour se faire, il faut aborder la question du financement, qui reste un obstacle majeur. Le locataire peut proposer de prendre les travaux à sa charge en échange d’une réduction du loyer, mais cela ne garantit pas l’accord du propriétaire.
Alors que les investisseurs sont encouragés à investir dans les passoires thermiques pour les rénover, il faut également les sensibiliser à rénover leurs biens en conséquence face aux vagues de chaleur de plus en plus fréquentes. Le meilleur moyen de lutter contre la chaleur ? Le double vitrage, peintre un toit en blanc, ou installer une pompe à chaleur réversible pour la climatisation en été.
La législation doit évoluer
Les bouilloires thermiques ne sont pas seulement un problème individuel; elles représentent un défi sociétal et environnemental. La législation actuelle laisse les locataires impuissants face à la chaleur étouffante, sans recours pour améliorer leur situation. Le combat silencieux des locataires contre les logements invivables en période de canicule demande une attention urgente et une réforme législative pour garantir un logement décent à tous, quelles que soient les conditions climatiques. Le témoignage de Sophie et d’autres dans sa situation souligne l’urgence de cette question qui touche à la dignité humaine et au bien-être de tous.
